Flash VIG-news : impact du conditionnement des benzodiazépines et médicaments apparentés sur le risque d’abus et de dépendance - résultats de deux enquêtes de l’AFMPS

Date: 17/05/2019

Entre octobre 2018 et mars 2019, l’AFMPS a mené deux enquêtes auprès de médecins et de pharmaciens, concernant les petits conditionnements (moins de 30 comprimés) de benzodiazépines et médicaments apparentés. La majorité des répondants considèrent les petits conditionnements comme utiles pour limiter les risques d’abus et de dépendance, en particulier chez les nouveaux utilisateurs et les utilisateurs occasionnels. L’offre actuelle de petits conditionnements devrait également être élargie pour permettre aux pharmaciens de répondre rapidement à la demande du patient en respectant la prescription du médecin.

Limiter la délivrance de grands conditionnements
En 2011, l’AFMPS mettait en place une ligne directrice afin de limiter à un usage hospitalier la délivrance de grands conditionnements ou de formes spécifiques de conditionnement de certains produits, dont les hypnotiques et sédatifs. L’objectif était de réduire le risque d’intoxication accidentelle ou volontaire ainsi que le risque de dépendance, sans affecter la compliance au traitement ou le confort du patient. Depuis 2011, la taille du conditionnement pour la délivrance dans une officine ouverte au public est limitée à 30 comprimés par boîte pour les benzodiazépines et apparentés qui n’ont que l’insomnie comme indication. Pour les benzodiazépines qui ont d’autres indications que l’insomnie ou des indications supplémentaires (par ex. anxiété, relaxation musculaire), la taille du conditionnement est limitée à 60 comprimés/capsule par boîte. Le flunitrazepam est un médicament spécialement réglementé dont aucun conditionnement de plus de 10 comprimés ne peut être mis sur le marché.

En septembre 2018, conjointement avec le SPF Santé publique, l’AFMPS a proposé aux firmes pharmaceutiques d’élargir l’offre des petits conditionnements permettant une durée de traitement de moins d’un mois. En effet, dans le cadre des troubles du sommeil, on constate une réduction de l’efficacité (tolérance) des benzodiazépines et les médicaments apparentés à partir d’une semaine et la possibilité d’une dépendance physique et psychologique à partir de deux semaines d’utilisation. Les benzodiazépines prescrites dans le cadre de l'épilepsie ou d'autres indications ne sont pas concernées. Les grands conditionnements sont en effet justifiables pour ces cas.

2018 : les médecins interrogés

En octobre 2018 la division Vigilance de l’AFMPS a mené une enquête en ligne auprès des médecins prescripteurs afin de connaître leur avis sur l’utilité des petits conditionnements de benzodiazépines et médicaments apparentés.

Plus de 1400 médecins ont répondu à l’enquête, 55% d’entre eux étant des médecins généralistes.

80% des médecins répondants connaissent l’existence des petits conditionnements et 70% d’entre eux en prescrivent.

  

Une grande majorité des médecins répondants (83%) estiment utile la disponibilité de petits conditionnements (moins de 30 comprimés) pour limiter le risque d’abus et de dépendance aux benzodiazépines et médicaments apparentés.

Les médecins sont donc majoritairement favorables aux petits conditionnements de benzodiazépines et médicaments apparentés. Par ailleurs, ils confirment qu’un besoin existe.

2019 : les pharmaciens interrogés

Suite à l’analyse des résultats de l’enquête menée auprès des médecins, l’AFMPS a souhaité questionner les pharmaciens afin de connaitre leur avis sur l’utilité des petits conditionnements pour limiter les risques d’abus et de dépendance. Cette enquête visait également à:

  • estimer la demande actuelle en pharmacie des petits conditionnements de benzodiazépines et apparentés sur base de la fréquence de prescription ;
  • estimer la disponibilité des petits conditionnements de benzodiazépines et apparentés en pharmacie.

365 pharmaciens titulaires ont répondu à cette enquête.

Au cours des trois derniers précédents l’enquête, 80 % des répondants avaient reçu au moins une prescription pour un petit conditionnement de benzodiazépines ou apparentés (boîte de 10 à 20  comprimés).

Une très grande majorité des pharmaciens répondants avaient des petits conditionnements de benzodiazépines ou apparentés (boîtes de 10 à 20 comprimés) en stock au moment de répondre à l’enquête.

Cependant, au cours des trois derniers mois, 43% des répondants n’ont pas pu délivrer immédiatement le petit conditionnement prescrit par le médecin.

Les pharmaciens titulaires sont majoritairement favorables aux petits conditionnements de benzodiazépines et médicaments apparentés pour limiter les risques d’abus et de dépendance pour les nouveaux utilisateurs et les utilisateurs occasionnels. Les avis sont plus mitigés concernant les utilisateurs chroniques en cours de sevrage.

Comme les médecins, les pharmaciens considèrent donc que les petits conditionnements sont utiles pour limiter les risques d’abus et de dépendance, en particulier chez les nouveaux utilisateurs et les utilisateurs occasionnels. Par ailleurs, le besoin d’élargir l’offre des petits conditionnements est bien existant. En effet, si une majorité des pharmaciens titulaires répondants disposaient de petits conditionnements en stock au moment de l’enquête, le petit conditionnement prescrit par le médecin n’a pas pu être délivré immédiatement dans certains cas.

L’AFMPS remercie les organisations professionnelles qui ont contribué à la diffusion de cette enquête ainsi que tous les professionnels de la santé qui y ont répondu.

Dernière mise à jour le 17/05/2019