Médicaments contenant du tétrazépam : réévaluation de la balance bénéfice-risque. Position de l’AFMPS suite à la recommandation du PRAC

Le Pharmacovigilance Risk Assessment Commitee (PRAC), qui est le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a revu les données disponibles sur le tétrazépam en raison de rapports de réactions cutanées rares mais graves.

Le tétrazépam est une benzodiazépine indiquée dans le traitement d'appoint des contractures musculaires douloureuses en rhumatologie. En Belgique, il existe actuellement trois spécialités à base de tétrazépam : Epsipam®, Myolastan® et Tetrazepam EG® ; toutes sont disponibles sur prescription médicale uniquement.

Suite à la réévaluation de la balance bénéfice-risque de ces médicaments, le PRAC recommande de suspendre les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant du tétrazépam. Il s’agit pour l’instant uniquement d’une recommandation.

Pour le moment, les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant du tétrazépam ne sont pas suspendues et la décision finale est en attente.
Il n’y a donc pas de raison que les patients interrompent brutalement leur traitement.
 
Cette recommandation sera, en effet, étudiée au niveau européen par le Coordination Group for Mutual Recognition and Decentralised Procedures – Human (CMDh, le groupe de coordination pour les procédures de reconnaissance mutuelle et décentralisées, médicaments à usage humain, composé de représentants des états membres) lors d’une réunion fin avril 2013. 

Des informations complémentaires sont disponibles sur le site de l'EMA (www.ema.europa.eu).
 
Quelles sont les recommandations de l’AFMPS dans l’attente de la décision finale ? 
 
L’AFMPS rappelle que les réactions cutanées associés à ces médicaments sont connues mais rares. Il s’agit du syndrome de Stevens-Johnson (SJS), de nécrolyse épidermique toxique (NET), d’érythème multiforme et de syndrome DRESS (drug rash with eosinophilia and systemic symptoms).
 
Elle estime que, en attendant la décision finale au niveau européen, ces risques peuvent être minimisés en respectant les précautions d’utilisation décrites ci-dessous. 
 
Précautions d’utilisation à respecter 
 
 1) Les patients doivent être avertis des risques de réactions cutanées et suivis de près. Si des signes ou des symptômes apparaissent (par exemple une éruption cutanée progressive, fréquemment associée à des ampoules ou des lésions au niveau des muqueuses), le traitement à base de tétrazépam doit être immédiatement arrêté. 

 2) Le tétrazépam ne devrait pas être utilisé chez des patients ayant des antécédents de réactions cutanées graves.

 3) Il faut éviter de combiner les médicaments contenant du tétrazépam avec d’autres médicaments connus comme étant associés à des réactions cutanées.
En effet le risque de développer de telles réactions est accru lors de la prise concomitante de tétrazépam avec :
     a. certains médicaments utilisés dans le traitement de la goutte (tels que l’allopurinol),
     b. certains antiépileptiques (tels que la carbamazépine, la lamotrigine, le phénobarbital, la phénytoïne),
     c. certains anti-infectieux (tels que le sulfaméthoxazole, la sulfasalazine, la sulfadiazine, le sulfafurazole, la sulfadoxine),
     d. certains anti-inflammatoires (tels que le méloxicam, le piroxicam, le ténoxicam).
4) Les médicaments contenant du tétrazépam devraient être utilisés à la dose la plus faible pendant une période la plus courte possible. 
 
Pourquoi y-a-t-il eu une réévaluation des médicaments contenant du tétrazépam ? 
 
Cette réévaluation entre dans le contexte d’une procédure d’arbitrage européenne initiée par la France le 20 décembre 2012.
 
Suite à plusieurs rapports de réactions cutanées graves survenues en France, l’Agence Nationale française de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a procédé à une revue des données enregistrées dans les banques de données de pharmacovigilance françaises au sujet des effets indésirables cutanés associés au tétrazépam. Cette revue a montré que les effets indésirables cutanés étaient plus fréquents avec le tétrazépam qu’avec les autres benzodiazépines. De plus, certaines de ces réactions cutanées, bien que très rares, sont graves ; des cas de syndrome de Stevens-Johnson (SJS), de nécrolyse épidermiques toxique (NET), d’érythème multiforme et de syndrome DRESS (drug rash with eosinophilia and systemic symptoms) ont en effet été rapportés.
 
Étant donné la gravité des réactions cutanées, l’ANSM a demandé au PRAC de revoir d’urgence l’utilisation de tous les médicaments contenant du tétrazépam. 
  
 
Quelles sont les conclusions du PRAC ? 
 
Le PRAC a étudié les données de sécurité du tétrazépam issues des données post-autorisation européennes et de la littérature scientifique. Le PRAC a conclu que le tétrazépam est associé à un risque accru de réactions cutanées graves, en comparaison avec les autres benzodiazépines. Il est à noter que la recommandation de suspension a été prise à la majorité mais non à l’unanimité des membres du PRAC et que des opinions divergentes se sont exprimées.
 
Le PRAC a considéré que des mesures suffisantes pour minimiser le risque de réactions cutanées graves lors de la prise de médicaments contenant du tétrazépam n’avaient pas été identifiées. De plus, les mesures de minimisations du risques identifiées ont mené à des doutes quant aux bénéfices de ces médicaments. Dès lors, le PRAC a conclu que la balance bénéfice-risque de ces médicaments est négative et a recommandé la suspension de leurs autorisations de mise sur le marché à travers l’UE. Le PRAC a demandé, comme condition à la levée de la suspension, que les firmes qui mettent ces médicaments sur le marché fournissent des données permettant d’identifier un groupe spécifique de patients pour qui les bénéfices des médicaments contenant du tétrazépam sont supérieurs aux risques. 
 
Que va-t-il se passer ensuite? 
 
La recommandation du PRAC sera étudiée par le CMDh lors de sa prochaine réunion, du 22 au 24 avril 2013. Le CMDh adoptera une position finale et les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant du tétrazépam seront soit maintenues, soit modifiées, soit suspendues, soit révoquées et ce, à travers l’UE.
La décision finale du CMDh, ainsi que des conseils complets pour les patients et les professionnels de la santé, seront alors rendus publics. Les professionnels de la santé de l’UE recevront une communication avec une information détaillée sur les mesures appropriées à prendre. 
 
Quelles sont les conséquences pour les professionnels de la santé et pour les patients? 
 
Pour le moment, les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant du tétrazépam ne sont pas suspendues et la décision finale est en attente.
 
Les patients qui ont des questions devraient prendre contact avec leur médecin ou leur pharmacien.
 
Les professionnels de la santé devraient prendre en considération le risque de réactions cutanées de ces médicaments.

 

Contact: vig@afmps.be

Dernière mise à jour le 16/09/2013